<p>Je n’ignore pas (Seigneur par gloire immortel) que plusieurs ne s’esbaissent grandement de ueoir sortir de moy ce present Oeuure: attendu que par le pass? i’ay faict, & fais encores maintenant profession totalle de la langue Latine. Mais ? cecy ie donne deux raisons. L’une, que mon affection est telle enuers l’honneur de mon pais, que ie ueulx trouuer tout moyen de l’illustrer. Et ne le puis myeulx faire, que de celebrer sa langue, comme ont faict Grecs, & Rommains la leur. L’aultre raison est, que non sans exemple Autheurs antiques illustrateurs de leur langue. de plusieurs ie m’addonne ? ceste exercitation. Quant aux Antiques tant Grecs, que Latins, ilz n’ont prins aultre instrument de leur eloquence, que la langue maternelle. De la Grece seront pour tesmoings Demosthene, Aristote, Platon, Isocrate, Thucydide, Herodote, Homere. Et des Latins ie produis Ciceron, C?sar, Salluste, Virgille, Ouide. Lesquelz n’ont delaiss? leur langue, pour estre renomm?s en une aultre. Et ont mespris? toute aultre: sinon qu’aulcuns des Latins ont apprins la Grecque, affin de scauoir les arts, & disciplines traict?es par les Autheurs d’ycelle. Aulcuns Autheurs modernes illustrateurs de leur langue, tant en Italien, qu’en Francoys. Quant aut modernes, semblable chose que moy a faict Leonard Aretin, Sannazare, Petracque, Bembe (ceulx la Italiens) & en France Bud?e, Fabri, Bouille, & maistre Iacques Syluius. Doncques non sans l’exemple de plusieurs excellents personnages i’entreprends ce Labeur. Lequel (Seigneur plein de bon iugement) tu recepuras non comme parfaict en la demonstration de nostre langue, mais seulement comme ung commencement d’ycelle. Car ie scay, que quand on uoulut reduire la langue Grecque, & Latine en art, cela ne fut absolu par ung homme, mais par plusieurs. Ce qui se faira pareillement en la langue Francoyse: & peu a peu par le moyen, & trauail des gens doctes elle pourra estre reduicte en telle parfection, que les langues dessusdictes. A ceste cause (Seigneur tout humain) ie te requiers de prendre ce mien labeur en gr?, & s’il ne reforme totallement nostre langue, pour le moyns pense, que c’est commencement, qui pourra paruenir ? fin telle, que les estrangiers ne nous appelleront plus Barbares. Te soubuienne aussi en cest endroict, qu’il est bien difficille, qu’une chose soit inuent?e, & parfaicte tout a ung coup. Parquoy tu te doibs contenter de mon inuention, & en attendre ou par moy, ou par aultres la parfection auec le temps. Ioinct aussi, qu’en choses grandes, & difficilles le uouloir Le comble des uertus de Monsieur de Langei. doibt estre asses. Ie laisse ce propos, & te ueulx dire ce, qui m’a esmeu de te dedier ce Liure. Certes l’opinion, & estime grande, que i’ay de ton scauoir, eloquence, & iugement en tout esmerueillable, m’a induict ? ce faire, aultant ou plus, que l’humanit?, & liberalit?, de laquelle tu uses de iour en iour de plus en plus en mon endroict: & ce sans aulcun mien merite: car de te faire aulcun seruice meritant telle amour, que me la portes, & monstres par effect, cela est hors totallement de mon pouuoir. Toutesfoys pour suppliment du pouuoir la uoulunt? te doibt satisfaire: laquelle est telle, que sans exception d’aulcun Humain ie te reuere, comme ung Demidieu habitant en ces lieux terrestres, & estincellant de tous cost?s par une lumiere de uertus ? toy seul octroi?es par l’Omnipotent: Omnipotent enuers toy prodigue de ses graces, si iamais il en eslargist ? aulcune sienne creature. Et qui est celuy, qui puisse ? mon dict coutredire, s’il a congnoissance de tes faicts? Nul ne doubte de la bont? de ta nature. Chascun se sent de ta munificence. Toutes Nations estranges ne preferent aulcun a toy, touchant l’art militaire, & conduicte de guerre. Quant a la politique, & gouuernement equitable d’ung pais, le Piedmont en donnera tesmoignage: en laquelle Prouince tu es a present gouuerneur soubz l’autorit? du Roy, qui t’a esleu ? ceste charge, comme personne idoine ? touts faicts de grand conseil, & prudence. Croy (Seigneur le premier des Humains) que ie suis l’homme le moins admirant les hommes sans raison, & cause uehemente: mais tes uertus, & perfections infinies m’ont rauy iusques a la, que sur touts ie t’adore: & ceste affection, la Posterit? n’ignorera, si mes Oeuures meritent immortalit? de nom. Icy feray fin de mon epistre, te priant de rechef auoir ce mien Liure pour aggreable. De Lyon ce dernier iour de May, Mil cinq cents quarante.</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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